Vladislav Krasnoshchok, de la série Hôpital, 2010 — 2018, impression lith. Collection MOKSOP
Depuis ses débuts, la photographie a été l'un des modes de surveillance médicale qui enregistre froidement les "dérives". Les photographes de Kharkiv en font l'instrument d'un regard engagé et subjectif sur la douleur.
Evgenii Pavlov, de la série La folie alсoolique / Delirium Tremens, impression à la gélatine argentique, collection MOKSOP
Cette série documentaire extrêmement violente a été filmée dans l’un des hôpitaux psychiatrique municipale, dans le département des patients en délire.
Evgenii Pavlov, de la série La folie alсoolique / Delirium Tremens, impression à la gélatine argentique, collection MOKSOP
Des angles vifs saisissent de manière sculpturale des parties du corps du patient fatigué par la douleur. L'horreur du photographe pour ce qu'il a vu est complètement transmise au spectateur, soulignant la subjectivité comme l'un des moyens principaux des photographes de Kharkiv de brouiller les frontières des documentaires.
Roman Pyatkovka, de la série Maternité, 1987, impression à la gélatine argentique, peinte à la main
À l'époque soviétique, les maternités étaient essentiellement fermées aux photographes. Roman Pyatkovka a ainsi obtenu l'autorisation d'y effectuer des clichés "par le biais de relations", grâce aux photographies qu'il avait réalisées pour la thèse du médecin-chef de l'institution.
Roman Pyatkovka, de la série Maternitél, 1987, impression à la gélatine argentique, peinte à la main
Au départ, Pyatkovka avait prévu une série documentaire en noir et blanc, mais après la session, il a estimé que la photographie "directe" ne permettait pas de restituer toute la profondeur du sentiment d'impuissance et de la douleur de quelqu'un d'autre, auxquelles il avait été confronté.
Roman Pyatkovka, de la série Maternité, 1987, impression à la gélatine argentique, peinte à la main
Pour l'effet d'immersion, Roman Pyatkovka a utilisé une technique courante de l'école de Kharkiv pour colorier les tirages à la main, en choisissant des couleurs "médicales", évoquant le sang, le froid et et l'iode: rouge, jaune et vert.
Roman Pyatkovka, de la série Maternité, 1987, numérisation du négatif
Les images en noir et blanc de la série ne sont pas moins saisissantes: la caméra panoramique "Horizon", qui est habituellement employée pour les vastes paysages, capture les lieux bondés, l'atmosphère étouffante de la froide indifférence du système médical.
Viktor et Sergei Kochetov, 1999, numérisation du négatif
En tant que reporter, Viktor Kochetov s'est tourné de temps à autre vers des sujets médicaux, lorsqu'il y avait des projets de tournage, notamment dans les hôpitaux. Dans cette image démasculinisante, le patient se fait enlever ses hémorroïdes.
Boris Redko, 1989, impression à la gélatine argentique. Collection MOKSOP
Certains des auteurs ont également travaillé dans un hôpital: Borys Redko était photographe à l'hôpital des urgences de la ville de Kharkiv à la fin des années 80. Le cliché présente le paysage capturé depuis la fenêtre de son laboratoire photo.
Vladislav Krasnoshchok, de la série Hôpital, 2010 — 2018, impression lith. Collection MOKSOP
Pendant 14 ans, de 2004 à 2018, Vladislav Krasnoshchok a travaillé dans le même hôpital, surnommé par les habitants "le hachoir à viande", non pas en qualité de photographe mais en tant que chirurgien maxillo-facial.
Vladislav Krasnoshchok, de la série Hôpital, 2010 — 2018, impression lith. Collection MOKSOP
Non seulement les blessés du service des admissions, sans-abri, ivrognes, mais aussi ses collègues, médecins et infirmières, tombent dans l'objectif de l'appareil photo de Krasnoshchok. L'auteur raconte l'histoire de l'intérieur, à la première personne.
Vladislav Krasnoshchok, de la série Hôpital, 2010 — 2018, impression lith. Collection MOKSOP
Le photographe réalise des tirages sur du papier photo soviétique obsolète selon la technique de l'impression lith, ce qui leur donne un aspect flou, scintillant et granuleux, accentuant l'effet de surréalisme de la vie quotidienne à l'hôpital des urgences.