Anatoliy Kuzmenko, photographie de la réunion du Club photo régional de Kharkiv à la Maison des syndicats des arts amateurs. Collection MOKSOP, un cadeau de la famille Rupin.
L'École de photographie de Kharkiv a été créée non seulement grâce à un certain ensemble de méthodes, mais davantage par un lien étroit au sein de la communauté artistique. Une communication et des discussions constantes ont été le carburant qui lui a permis de perdurer.
Viktor Kochetov, documentation de l'exposition à la Maison des scientifiques, Kharkiv, 1983. Collection MOKSOP
L'un des actes collectifs les plus éminent et magnifié des artistes de Kharkiv a été la proclamation du manifeste du groupe Vremia, lors de leur première exposition en 1983. Il s’agit de l’exposition à la Maison des scientifiques (alors centre de la culture, de la science et de l'art) qui n'a pas duré plus d’un jour à cause d’une fermeture précipitée.
Igor Manko, fin des années 1980. Collection MOKSOP
L'histoire de la photographie de Kharkiv est en grande partie une histoire de groupes. Ainsi, au milieu des années 1980, le groupe Kontakty a été créé. Plus tard, en 1987, le groupe prend le nom de Gosprom et sa composition en s’en trouve quelque peu altérée.
Igor Manko, fin des années 1980. Collection MOKSOP
Des promenades collectives en ville représentaient pour les artistes de Kharkiv un mode essentiel d’interaction. Des sessions spontanées étaient réalisées au cours de celles-ci. Les personnages étaient eux-mêmes des photographes, comme pour cette photographie sur laquelle posent Konstantin Melnyk et Volodymyr Starko.
Roman Pyatkovka, photographie issue de la série En l'absence d’un violon (1988), tirage gélatino-argentique. Collection MOKSOP
Les voyages constituaient également un motif de projets collectifs, comme le témoigne cette session lors du festival "Photovacation-88" en Bulgarie. Le titre de la série de Roman Pyatkovka fait référence au projet du manuel Le violon de Evgeniy Pavlov (1972).
Roman Pyatkovka, 15 mai 1987, issu des archives de l'auteur.
Le 15 mai 1987 a eu lieu l'événement "Une journée dans la vie de l'Union soviétique", auquel ont pris part 50 photographes occidentaux et 50 photographes soviétiques. Durant cet évènement, ils photographient simultanément la vie au sein de plusieurs villes de l'URSS. Les photographes de Kharkiv ayant soutenu cette initiative, organisent parallèlement leur propre événement au cours duquel ils documentent les moments disgracieux du 15 mai 1987.
Roman Pyatkovka, photographie issue de la série Le sabbat de la sorcière (1988), tirage gélatino-argentique. Collection MOKSOP
Faute d’avoir leur propre studio, les artistes ont uni leurs efforts pour trouver un espace dédié aux séances photo. La plupart du temps des appartements communaux étaient utilisés comme lieux de travail, comme dans cette série de Roman Pyatkovka, réalisée en collaboration avec Boris Mikhailov.
Viktor et Sergiy Kochetov, Photo pour l'exposition de la rue Ivanov (1992), tirage gélatino-argentique. Collection MOKSOP
Pour leur exposition collective "Réalité peinte", Boris Mikhailov et Viktor Kochetov avaient besoin d’une affiche et ont décidé d’organiser une séance improvisée dans la plaine de jeux des enfants. La séance a été organisée par Mikhailov et photographiée par le fils de Viktor Kochetov, Sergiy.
Sergiy Solonsky et Sergei Bratkov, Sans titre (1992-1993), tirage gelatino-argentique. Collection MOKSOP
Même durant la crise des années 1990, le sens de la cause commune a motivé les artistes. Sur cette phorographie, "les jeunes lions de Kharkiv" Sergei Bratkov et Sergiy Solonsky jettent un regard ironique sur leurs ambitions, "cosplayant" un célèbre pont à Saint-Pétersbourg.
Photographie du vernissage de l'exposition "Neophoto Expressionnisme" (1994) de Boris Mikhailov, Sergiy Solonsky et Sergei Bratkov au Musée d’art de Kharkiv. Collection MOKSOP
Le Groupe de Réaction Rapide redirige place l’action au coeur de la photographie, composant leurs recherches d'éléments de performance. Cette photographie représente le vernissage de l'exposition (fermée au lendemain de l’ouverture) au Musée de l’art de Kharkiv.
Le groupe Shilo (Vladislav Krasnoshchok, Sergiy Lebedynskyy, Vladyslav Trykoz), oeuvre issue de la série L’évasion de Tymoshenko (2012). Collection MOKSOP
Le groupe Shilo a perpétué la tradition de l’action collective de l’École de photographie de Kharkiv. Dans ce projet de parodie, les photographes posent sur des fonds de paysages nocturnes de Kharkiv, tenant un portrait de l'éminente politicienne Yulia Timochenko. Cette dernière a été emprisonnée à Kharkiv dans l'établissement pénitentiaire de Kachanivka, un cas considéré par le monde occidental comme une persécution politique pendant le régime de Ianoukovitch.
Le groupe Shilo (Vladislav Krasnoshchok, Sergiy Lebedynskyy, Vladyslav Trykoz), photographie issue de la série Ukrainian Insurgent Army Hände hoch! (2013-en cours)
Le groupe Shilo poursuit l'idée du photographe en tant que personnage principal, essayant cette fois des images de membres de l'armée insurrectionnelle ukrainienne (un groupe militaire qui a combattu le régime soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale). En désacralisant leurs images, les photographes abordent le prosblème de la manipulation politique de la mémoire historique dans l'Ukraine moderne.