Sergei Solonsky, l’Héraldique Phallique, 1996
Les récits soviétiques officiels et le langage visuel étaient toujours essentiels dans l'activité de l’École de photographie de Kharkiv — qu’il s’agisse des images nues, d'embellissement de la réalité ou d'interprétation de l'histoire.
Boris Mikhailov, Les Superpositions, 1968—1981
"Dans l’histoire de la photographie, nous n’avons pas de la famine du 1930 en Ukraine, quand quelques millions étaient morts et leurs corps se trouvaient dehors. Nous n’avons pas de photos de la guerre parce que c'était interdit aux journalistes de démontrer le deuil qui compromettrait le morale soviétique, nous n’avons pas de photos réelles des entreprises, non des actions de rue sauf démonstrations. L’histoire dans son ensemble est “couverte de poussière”.
Roman Pyatkovka, Les fantômes des années 1930, 1990
La série des photos Les fantômes des années 1930 est dédiée à la Grande Famine — un panthéon dramatique des fantômes, pas tellement la présentation du destin de quelqu’un de particulier mais des archétypes, des apparitions tirées de la profondeur de la mémoire collective.
Roman Pyatkovka, Les fantômes des années 1930, 1990
"Cette série contient les portraits des victimes des répressions staliniennes et de l’Holodomor de 1932-1933. Certains visages sont des paraphrases des portraits typiques avec le style héroïque de la période totalitaire avec ses “tableaux d’honneur”; certains ressemblent à des photos jaunies des archives familiales… Cependant, ce n’est pas une série de documentaires. C’est une imitation artistique des faits réels qui mène le spectateur au royaume du mythe."
Le Groupe de la Réaction Rapide (Sergey Bratkov, Boris Mikhailov, et Sergei Solonsky). Si j'étais allemand, 1994 (avec Vita Mikhailov), tirage argentique, collection privée, Moscou. Merci à PinchukArtCentre © 2016. Photographe: Serhiy Illin
Le groupe de la Réaction Rapide fait traditionnellement référence au burlesque et au déguisement pour affecter avec le carnaval l'idée de voir l’histoire à travers les yeux d’un vainqueur. L’Union Soviétique n’existait plus, il y avait de la place pour créer un nouveau récit, plus sincère et inclusif. Mais les artistes habitués à être en opposition aux canons soviétiques officiels ont créé une autre reproduction de leurs anciennes performances de protestation.
Roman Pyatkovka, La Photo Soviétique, 2012
Le dialogue avec les symboles du régime non-existant continue dans le travail des artistes de l’École de photographie de Kharkiv. Par exemple, dans la série des collages de Roman Pyatkovka avec les pages du journal La Photo Sovietique.
Yaroslav Solop (Kyiv), La Mythologie Plastique, 2011—2014
L’agression de la Russie contre l’Ukraine a lancé un autre début des réflexions au sujet du trauma collectif — pour les adeptes de l’École de photographie de Kharkiv dans des autres villes aussi.
Igor Manko, Le nombre d’or du paysage ukrainien, 2014
Pour certains artistes, ces événements étaient la possibilité de retrouver de nouveaux symboles non liés au passé soviétique.
Igor Manko, Le nombre d’or du paysage ukrainien, 2014
Roberto Muffoletto, Projet VASA: "Manko impose les couleurs de l’Ukraine — bleu et rouge sur les drapeaux, des champs de sable et des flaques d’eau et autres surfaces environnementales, et prétend que ce soit l’Ukraine. (Le spectateur doit mettre cet oeuvre dans le contexte de la guerre avec la Russie)."
Gera Artemova (Kyiv), La Chute de Carthage, 2017
D’autres artistes ont tenté une autre déconstruction des symboles soviétiques réinstallés par le gouvernement russe dans son récit officiel.
Roman Pyatkovka, Le Troisième Rome, 2015
Parmi les moyens de réfléchir sur ces symboles, figurent encore les costumes, le burlesque et le carnaval.
Sergey Bratkov, L’Empire des Rêves, 2017
Au même moment, Sergueï Bratkov crée à Moscou une série d'objets photographiques pour l'exposition consacrée au 100e anniversaire de la révolution d'octobre russe de 1917, "une histoire métaphorique sur la réalité post-soviétique sans fin".